
11 Sep Tom Dolan, la main en vrac mais la tête solide
Tenant du titre de la Solitaire du Figaro Paprec, Tom Dolan, skipper de Kingspan, a bouclé la première étape ce jeudi 11 septembre à 8h41 à Roscoff en 6ᵉ position. Après 3 jours et 19 heures de mer marqués par une alternance éreintante de pétole et de vent fort, qui n’a laissé aucun répit aux solitaires, il a franchi la ligne avec 45 minutes de retard sur le vainqueur Alexis Loison. Un écart qui le maintient dans le match, alors même qu’il s’était blessé à la main gauche dès la première nuit. Combatif malgré ce handicap, l’Irlandais a signé une belle remontée dans les dernières heures et reste au contact des favoris, avant une deuxième manche vers Vigo qui pourrait, comme souvent en Espagne, rebattre les cartes.
La douleur en passager clandestin
Cette première étape a mis les nerfs et les corps à rude épreuve. Entre Skerries Bank, Daffodils, les îles Saint-Marcouf et le passage de Needles Fairway, les 35 Figaristes ont « rayé la Manche dans tous les sens ». « C’était dur, ça tapait fort. C’était écrit que ce serait costaud, mais la vache, on a morflé ! », souffle Tom Dolan. L’Irlandais a pourtant dû composer avec un problème supplémentaire : « La première nuit, je me suis réveillé après une sieste avec la main gauche gonflée, j’avais hyper mal. J’ai eu peur qu’elle soit cassée. J’ai même envisagé d’abandonner. » Sous antalgiques et avec un strap improvisé grâce aux conseils de la médecin de course, il a continué malgré tout : « Ce n’était pas toujours évident, les cachets m’endormaient un peu, mais j’ai tenu. » Et de confier avec un sourire : « On m’avait dit de mettre le strap dans l’autre sens… la prochaine fois je saurai ! »
Une remontée qui entretient l’espoir
Malgré cette douleur persistante, le skipper de Kingspan a trouvé les ressources pour finir fort. « Au début, je me suis dit : j’assure, je reste dans la meute et je termine proprement, sans tenter de coups. Mais la dernière nuit, j’ai senti un petit trou de souris, je suis parti à l’ouest et ça a payé. J’étais content, car je n’y croyais plus trop. » Ce sursaut lui permet de limiter la casse et de conserver toutes ses chances : « Quarante-cinq minutes, ce n’est pas négligeable, mais ce n’est pas non plus rédhibitoire quand on pense à la suite. » Car dès dimanche, les 35 solitaires repartiront de la baie de Morlaix pour rejoindre Vigo (565 milles), via les Birvideaux, en Bretagne Sud. Un parcours qui pourrait se révéler venté, si l’on en croit les derniers fichiers météo. « J’ai vu vite fait les cartes, ça risque d’être la baston », glisse le navigateur, qui compte profiter de la transition pour recharger les batteries. « J’ai mon petit kit de récup qui m’attend : bouchons d’oreilles, chaussettes de compression, oreiller de la maison… et surtout quelques heures de vrai sommeil. » Lucide, combatif et solide mentalement, le tenant du titre a prouvé dès cette première manche qu’il fallait encore compter sur lui. La suite s’annonce ouverte. Tom Dolan doit néanmoins passer par l’hôpital cet après-midi pour une radio de sa main blessée.