
07 Oct Tom Dolan : une saison de contrastes, entre blessures, victoires et nouveaux horizons
Sacré en 2024 sur la Solitaire du Figaro Paprec, Tom Dolan visait cette année l’exploit rarissime d’un doublé consécutif. Depuis la création de l’épreuve en 1970, seul Yann Eliès y est parvenu. Son rêve s’est toutefois brisé dès la première nuit de course : une blessure à l’avant-bras l’a rapidement diminué. Courageux, l’Irlandais est reparti sur la deuxième manche, avant de devoir renoncer à l’aube de la troisième et ultime étape. Cette désillusion n’efface pas une saison riche, illuminée par deux belles victoires collectives et par une immersion précieuse dans l’univers de l’IMOCA auprès de Jérémie Beyou. Entre résilience, apprentissage et réussites, le skipper de Kingspan regarde déjà vers 2026, où une Solitaire programmée très tôt dans la saison lui offrira l’occasion idéale de rebondir.
Un doublé envolé mais un défi assumé
Objectif majeur de son année, la Solitaire du Figaro Paprec 2025 a rapidement viré à l’épreuve pour le navigateur irlandais. Dès la première nuit, une blessure musculaire à l’avant-bras l’a lourdement handicapé et a conditionné la suite de sa course. Malgré la douleur, le Figariste a eu le courage de repartir sur la deuxième étape, mais l’expérience a vite tourné à l’impasse : « J’ai appris qu’on ne reprend plus jamais d’opiacés en mer. Ça endort, ça rend moins lucide, et sur nos bateaux, c’est dangereux. » Face à l’évidence, il a choisi avec sagesse de stopper son aventure avant l’ultime manche. « Au large, tu es seul à trancher : continuer ou renoncer. C’est toujours un choix difficile, mais il faisait partie du jeu cette fois-ci. » La frustration était d’autant plus vive que Tom Dolan avait déjà vu son début de saison perturbé par un problème à l’œil lors de la Solo Maître CoQ. Même interrompue, sa tentative avait du sens : « Réussir deux victoires consécutives, seul un marin l’a fait jusqu’ici. C’était audacieux, ça valait le coup d’essayer. » Avec élégance, il salue aussi le vainqueur de cette édition : « Je suis content pour Alexis Loison. Il le mérite tellement. »
Des victoires marquantes et des moments de partage
Si la Solitaire du Figaro a laissé un goût amer, le skipper Kingspan a trouvé sa part de lumière ailleurs. En double, il a remporté le Trophée Laura Vergne aux côtés de son complice et préparateur Gildas Mahé : « Le fait de le partager avec lui, c’était vraiment fort. On était en totale symbiose. » En équipage, l’Irlandais s’est également illustré lors du Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest, entouré de marins d’exception comme Franck Cammas et Sébastien Col. « La première moitié de l’année a été incroyable. J’ai eu la chance de naviguer avec de très grands noms et de signer de belles victoires. » Ces expériences collectives lui ont rappelé combien elles complètent son parcours de solitaire : « J’adore le solo. Ces dernières années, c’est le cœur de mon projet. Mais je découvre aussi un vrai plaisir en équipage : ça change, ça apporte un souffle différent. Et c’est enrichissant de se mettre au service d’un collectif. »
L’expérience IMOCA, une marche vers le Vendée Globe
Moment fort de sa saison : son embarquement sur Charal aux côtés de Jérémie Beyou, qui lui a ouvert les portes de l’univers des monocoques de 60 pieds. « Tout le côté IMOCA, c’était incroyable. J’ai intégré une grande équipe, j’ai eu beaucoup de chance, et Jérémie m’a proposé d’ores et déjà de venir naviguer. » Cette immersion a représenté une découverte à la fois technique et humaine. Tom Dolan a mesuré l’écart entre le Figaro et ces machines d’exception. « On découvre une autre dimension : la puissance des bateaux, la complexité des systèmes, l’intensité du travail en équipe… c’est fascinant. » Être à bord avec un marin aussi expérimenté que Beyou lui a permis de progresser et de se projeter. « J’ai appris énormément au contact de Jérémie et de son équipe. Ça m’a donné une vision claire de ce qu’exige un projet IMOCA et de l’engagement nécessaire pour viser le Vendée Globe. »
Se relever et viser le rebond en 2026
À l’heure du bilan, le skipper de Kingspan admet la difficulté de la fin de saison : « Après l’abandon, j’ai eu une semaine très dure, j’étais au fond du trou. Mais les blessures forgent le mental, elles rendent plus fort. » Pour lui, l’essentiel est désormais de rebondir vite. L’édition 2026 de la Solitaire, avancée au printemps (mai-juin), représente une chance idéale : « C’est une bonne nouvelle. Je n’ai pas un an à attendre, seulement quelques mois pour me remobiliser et repartir à fond. » Avec son énergie habituelle, Tom Dolan s’apprête déjà à tourner la page. 2025 lui aura appris la fragilité des corps, l’importance du mental et la valeur du collectif. Autant d’expériences qui, transformées en force, devraient lui permettre de revenir plus solide que jamais.