Pour l’histoire d’un jibe

Pour l’histoire d’un jibe

Depuis sa création en 1992, la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy (anciennement appelée Transat’ Lorient-St-Barth’ puis Transat AG2R La Mondiale) offre des scénarii tous plus improbables les uns que les autres. La 15e édition qui s’achève n’a pas dérogé à la règle avec un incroyable retournement de situation à trois jours de l’arrivée : le retour en force des partisans de l’option nord. Le duo Nils Palmieri – Julien Villion a ainsi finalement remporté la mise, soufflant la victoire qui semblait pourtant promise aux tenants de l’option sud. Une option choisie par le tandem Tom Dolan – Gildas Mahé qui a finalement bouclé les 3 890 milles théoriques du parcours, ce lundi 31 mai à 3h18 (heure de Paris), à la 8e place. S’il termine forcément avec un petit goût amer d’autant qu’il termine à moins de quinze minutes du Top 5et à moins d’une heure du podium, le binôme de Breizh Cola peut toutefois se satisfaire d’avoir réalisé une course propre et très peu d’erreurs.

Transat en Double Breizh Cola

Gildas Mahe et Tom Dolan, a bord du Figaro Breizh Cola, 8eme de la Transat En Double Concarneau-Saint Barthelemy 2021 – Gustavia le 30/05/2021

Les marins le disent et le répètent : sur une transatlantique, tout peut arriver, y compris le plus inattendu. Cela s’est de nouveau vérifié lors de cette 15e édition de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy. En effet, alors que la victoire semblait promise aux partisans de la route sud, les tenants de la route nord ont vu leur option s’ouvrir à trois jours de l’arrivée. Un coup dur pour le duo Tom Dolan – Gildas Mahé qui avait constamment joué aux avant-postes et pouvait légitimement encore envisager de se hisser sur le podium, et même de gagner. « C’est la dure loi de notre sport, mais ça reste un peu compliqué à avaler. Avec Gildas, on a vraiment fait une belle régate. On a tiré les bons bords et en plus de ça, on a été rapide au portant. Au bout du compte, on termine 8e, une place en deçà de nos attentes il faut bien l’avouer », a commenté le navigateur Irlandais qui, au départ, visait une place sur le podium. « Même si ça s’est mal goupillé pour notre groupe, on pouvait encore prétendre à un Top 3 la veille de l’arrivée. En fin de journée dimanche, on a croisé avec le groupe du nord alors qu’on ne s’y attendait plus, persuadé qu’ils étaient un peu en avance. On a choisi de continuer en tribord avant d’empanner afin de profiter ensuite d’un meilleur angle de descente en direction de Saint-Barth or ça a été une erreur. On a trop attendu et nos copains de jeu se sont barrés », a détaillé Tom qui a, de fait, perdu gros sur ce coup-là.

Une transat dure, mais enrichissante

« Après 4 000 milles de course où on est constamment resté au contact et même à vue avec certains, c’est finalement un jibe qui nous a fait perdre dix milles et nos chances de podium. C’est ainsi en Figaro. Je préfère cependant avoir réalisé une belle course et juste une petite connerie à la fin plutôt qu’une course pas terrible et un coup de poker dans les derniers milles », a ajouté le skipper de Smurfit Kappa, bien conscient que sa 8eplace au général ne reflète pas le niveau de sa prestation sur l’eau. « C’est la première fois que je suis déçu de cette manière de ne pas avoir gagné. Avec Gildas, on a fait les choses proprement et on a seulement peu de choses à se reprocher. On s’est bien battu et on a énormément donné. Le Figaro Bénéteau3 est un grand Mini 6.50, à la fois dur, exigeant et bourrin. On termine bien cramé d’autant qu’il a fallu se battre avec les sargasses, mais aussi faire face à des soucis de safran. En tribord amure, le bateau était infernal. Il partait à l’abatée en permanence et il fallait barrer à deux mains pour le contrôler un minimum. On en a bien bavé mais avec Gildas on a formé un super binôme. On s’est bien entendu et j’ai appris plein de trucs qui vont m’aider énormément sur la suite de la saison », a terminé Tom Dolan.